top of page

Vous rêvez de vous faire éditer ?... Méfiance !

Pour mon quatrième roman, effaré par les diverses pratiques de la majorité des éditeurs, je suis revenu au compte d'auteur pur.

A tous ceux qui rêvent de se lancer dans l'écriture, avec la (naïve ?) conviction qu'ils seront édités sans problème, il me semble opportun de faire part de mon expérience, partagée par tant d'autres. Car ils sont de plus en plus nombreux. On pourrait même dire par boutade qu'il y a maintenant plus de gens qui écrivent que de gens qui lisent. Il faut savoir, et ceci vient à décharge des éditeurs, que ceux-ci reçoivent plus d'un manuscrit par jour.  Et pour les grandes maisons françaises, c'est largement plus. 

Mais quelles sont ces pratiques ? Imaginons que vous ayez terminé le manuscrit d'un roman. Que vaut-il ? Difficile à dire. C'est très subjectif, une fois éliminé ce qui ne vaut vraiment rien pour diverses raisons et retenu les -très rares- oeuvres de génie. Par ailleurs, il est très difficile de se juger soi-même. A propos, dans ce qui va suivre, à aucun moment je ne porterai de jugement personnel sur mes propres livres. Ils appartiennent maintenant aux lecteurs et c'est à eux à les apprécier, ou pas. On peut demander l'avis des premiers lecteurs de son entourage sur le manuscrit, mais rares sont ceux qui vous donneront un avis objectif, encore plus rares ceux qui diront franchement si ce n'est pas bon.

Revenons à votre manuscrit. Vous le croyez bon, si pas génial, vous avez reçu des encouragements, vous y croyez. Vous allez envoyer votre tapuscrit à une quinzaine de maisons (ce qui explique aussi l'encombrement). Heureusement depuis peu, la plupart des éditeurs acceptent la réception d'un fichier Word ou PDF. Du temps du papier, c'était déjà un sérieux investissement. 

Et voici déjà le point majeur : si vous êtes quelqu'un de très connu, si possible célèbre, vous serez édité de suite, on se battra pour vous avoir. Peu importe la qualité, la vente est assurée. Les exemples sont nombreux, je me garderai d'en citer. Voici un contre-exemple célèbre : l'immense André Gide faisait aussi de l'édition à ses heures perdues. Un jour, il refusa le manuscrit d'un débutant, un certain... Marcel Proust. Plus tard, Gide reconnut son erreur. Et Proust dit : "si vous voulez vous faire éditer, commencez par devenir célèbre !". 

Un autre truc, c'est d'écrire SUR quelqu'un de célèbre, de préférence un people. 

Mais non, vous avez fait un 'simple' roman. Vous attendez maintenant les réponses, le coeur plein d'espoir. Les réponses ? Sachez que 30 à 40 % ne répondent JAMAIS, même aux rappels. Pourquoi, si ce n'est par mépris ? Or, il faut comprendre une chose : les éditeurs vivent d'abord grâce aux auteurs. 

Donc vous attendez... Oh oui ! Les plus rapides répondent après 3 ou 4 mois, le plus souvent entre 6 mois et un an. Certains annoncent un délai de réponse de DEUX ans ! De qui se moque-t-on ? Il leur suffit de lire le premier chapitre et les 3/4 des manuscrits sont éliminés soit parce que mauvais soit parce que hors ligne éditrice (n'oubliez pas de vérifier avant soumission de votre texte si celui-ci correspond au catalogue).

Enfin, quelques réponses arrivent, généralement négatives. Soit elles sont laconiques, juste une formule préétablie, soit elles sont argumentées. Et là, vous vous amuserez à les comparer. Leurs avis sont souvent diamétralement divergents (trop long - trop court / ennuyeux - hystérique ...). Les éditeurs ont bien entendu des comités de lecture, des bénévoles généralement. Savez-vous que "Harry Potter" et "50 nuances de gris", grosses machines à fric à tort ou à raison, ont été refusés par une kyrielle de maisons avant de faire le bonheur d'une audacieuse ? Savez-vous que certains éditeurs sont tombés dans le piège de petits farceurs qui leurs envoyaient un texte ancien et méconnu mais ayant reçu un prix prestigieux et qu'ils les ont refusés ? Incroyable mais authentique ! A leur décharge, on a édité, louangé et récompensé tant d'oeuvres qui ne valent pas un clou...

Mais bref, ce sera NON dans 95 % des cas. 

Sauf !... Sauf que vous allez recevoir, et même assez vite, des avis favorables avec proposition de contrat, du moins si votre texte est d'une qualité au moins acceptable. Certaines grosses boîtes vont vous proposer une formule participative. Cela veut tout simplement dire qu'ils vous demanderont un investissement de départ (environ 3.000 €) et qu'ils se chargeront du reste. Vous recevrez 5 à 10 exemplaires gratuits, la belle affaire ! Si vous voulez en vendre (ou offrir) par vous-même, vous devrez les leur acheter au prix librairie moins une ristourne d'environ 30 %, frais d'envoi à votre charge. Et que font-ils, théoriquement : la mise dans leur catalogue sur leur site, l'organisation de quelques événementiels, une certaine distribution en librairie, et bien entendu, la gestion des ventes. Sur celles-ci, si le suivi est honnête, vous recevrez quelque 2,50 € brut. Vous pensez en vendre des milliers ? C'est rarissime ! En Belgique, en vendre 5.000, c'est un succès inespéré. Ce sera souvent très réduit, quelques dizaines. 

Il y a aussi les faux comptes d'éditeur. Il vous sera imposé d'en acheter environ 300 à prix plein. Allez-vous tout vendre ? Bonne chance ! Tiendront-ils leurs promesses sur leurs propres missions ? 

En résumé, pour quelqu'un d'inconnu, les chances d'obtenir un compte d'éditeur normal sont pratiquement nulles. Dès lors, pourquoi ne pas devenir son propre éditeur ? Avec les moyens modernes dont on dispose, ce n'est pas difficile. Les chances d'accéder à la reconnaissance ou à la gloire seront peut-être moindres, mais il y a de nombreux avantages. Lesquels et comment faire ?

Vous pouvez vous adresser à des prestataires du genre 'le livre de papier' (allez voir les explications sur leur site). Plus simplement, vous pouvez faire fabriquer votre livre chez un imprimeur. Vous devrez alors pour diminuer les frais finaliser vous-même la présentation et fournir un fichier PDF. Le prix unitaire sera moindre que dans les autres formules ! Et la publicité ? Créez un site, envoyez des mails dans votre entourage, il y a les réseaux sociaux, les médias, les toutes-boîtes, les sites de votre commune... 

L'important n'est-il pas d'être lu ? En agissant ainsi, vous le serez tout autant. Mieux encore : soumettez votre livre aux réseaux de bibliothèques. Et je ne parle même pas ici de la formule E-books...

Autre avantage, vous gardez vos droits d'auteur. Ce qui veut dire que, si la critique des lecteurs (la seule qui compte) est bonne, vous pouvez continuer à tenter votre chance auprès des grandes (et sérieuses) maisons d'édition. Qui sait...

Bonne chance !

  

   

bottom of page